Santé des femmes au travail : rendre visible « l’invisible qui fait mal »

Pendant plus de six mois, la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes s’est penchée sur la santé des femmes au travail, sujet encore largement méconnu voire ignoré par les pouvoirs publics comme par les employeurs. Quatre rapporteures de la délégation ont ainsi auditionné des professionnelles et experts de divers secteurs pour dresser un état des lieux qui fait l’objet d’un rapport « Santé des femmes au travail : des maux invisibles » rendu public le 28 juin.

 

 

Pendant six mois, les quatre sénatrices Laurence Cohen, Annick Jacquemet, Marie-Pierre Richer et Laurence Rossignol ont mené des auditions et déplacements sur le terrain afin de mettre des mots sur ces maux et de rendre visible « l’invisible qui fait mal ».

 

Le rapport dresse un panorama des risques professionnels auxquels les femmes sont exposées, avec des focus sur quatre secteurs à prédominance féminine : les métiers du care ; les professions du nettoyage ; le secteur de la grande distribution ; les métiers de représentation tels que les mannequins et hôtesses d’accueil. Il interroge également le rôle assigné aux femmes dans l’emploi et l’impact de leurs conditions de travail sur leur santé.

 

 

 

Santé des femmes au travail

 

Penser la santé au travail au féminin

Alors que le nombre d’accidents du travail explose chez les femmes depuis vingt ans, ces liens demeurent encore « impensés », s’alarme le rapport. Dans un marché du travail qui s’est largement tertiarisé, les femmes sont désormais les premières victimes de troubles musculosquelettiques et sont trois fois plus nombreuses à faire état de troubles psychiques liés au travail que les hommes.

De même, les difficultés associées à l’endométriose, aux pathologies menstruelles incapacitantes, à la grossesse, à l’infertilité, à la ménopause et, plus globalement, à la santé sexuelle et reproductive des femmes sont encore bien trop ignorées dans le monde du travail.

 

Les rapporteures ont constaté le déficit persistant d’approche genrée en matière de santé au travail qui a pour conséquence l’insuffisance de la prévention en faveur de la santé des femmes au travail, d’autant plus marquée avec une médecine et une inspection du travail sinistrées.

Le manque de reconnaissance de la charge physique et mentale du travail des femmes est à l’origine d’impensés féminins dans la conception et la mise en œuvre des politiques de santé au travail.

 

Parce que différencier n’est pas discriminer, la délégation rappelle que mieux protéger la santé des femmes au travail permet non seulement d’œuvrer en faveur de l’égalité professionnelle mais aussi d’améliorer la situation de toutes et tous dans la sphère professionnelle.

 

Pour une meilleure prise en compte de la santé des femmes au travail, le rapport formule vingt-trois recommandations qui s’articulent autour de trois grands axes :

  1. chausser systématiquement les lunettes du genre ;
  2. développer et adapter la prévention à destination des femmes ;
  3. mieux prendre en compte la santé sexuelle et reproductive au travail, en particulier les pathologies menstruelles incapacitantes et les symptômes ménopausiques.

Ces recommandations seront portées de manière législative « après les élections sénatoriales », avance la présidente de la délégation Annick Billon. Elles seront par la suite présentées au gouvernement. 

 

📕 Prendre connaissance de L'Essentiel du rapport (4 pages) ou du rapport complet (version provisoire – 141 pages).

 

 

Comment améliorer la santé des femmes au travail ? Retour sur le dispositif du groupe Carrefour.