Journée internationale du sport féminin : les inégalités perdurent

En 2014, constatant la sous-médiatisation du sport féminin, le Conseil supérieur de l'audiovisuel français lance - en collaboration avec le Comité National Olympique et Sportif Français - la journée internationale du sport féminin qui fête, ce jour, ses 10 ans. L’objectif : permettre au sport féminin de gagner en visibilité et de contribuer à sa meilleure représentation dans les médias. Et, pour la première fois de son histoire, le sport féminin devrait dépasser le seuil du milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2024 !

Pourquoi une journée internationale du sport féminin ?

Selon un rapport récent du Conseil supérieur de l’audiovisuel, 85% des retransmissions télévisuelles sont exclusivement consacrées aux sports masculins.

Cette journée vise à promouvoir la pratique sportive féminine et à l’inscrire dans les usages, car elle est réputée « moins naturelle » que chez les hommes, et s’articule autour de 4 grands axes :

  1. le développement de la pratique féminine du sport ;
  2. la présence des femmes dans les instances dirigeantes sportives ;
  3. l’économie du sport féminin ;
  4. la médiatisation du sport féminin.

D’après le récent baromètre national des pratiques sportives de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep, mars 2023), 58 % des femmes affirment pratiquer régulièrement une activité physique ou sportive contre 62 % pour les hommes. Malgré un écart qui se resserre d’années en années, seulement 39 % des licenciés des fédérations sont des femmes.

Si les motivations à faire du sport sont similaires pour les 2 sexes : se distraire, entretenir sa forme, se débarrasser du stress et partager du bon temps avec ses amis, les sportives sont plus nombreuses à déclarer pratiquer une activité sportive dans une volonté de perdre du poids plutôt que dans un but de de dépassement de soi. 

Et 3 fois moins nombreuses à participer à des compétitions sportives !

Un sujet d’autant plus d’actualité qu’à l'aune de l’évènement olympique et paralympique auquel la France se prépare, la Grande Cause Nationale 2024 porte sur l'activité physique et sportive.

L'arrivée prochaine de ces Jeux Olympiques 2024 renforce par ailleurs la dynamique de soutien apporté au sport de haut niveau, en prêtant une attention particulière au sport féminin.

Le sport féminin, c'est quoi ? Le point sur les clichés !

Il n’existe pas à proprement parler de « sport féminin » mais plutôt des femmes qui font du sport. Cette expression banalisée dans le langage courant, matérialise et ancre encore et toujours la connotation masculine du terme « sport », dénué d’adjectif quand il s’agit des hommes.

Le sport n’est pas épargné par les stéréotypes. Les disparités subsistent encore entre les 2 sexes dans leur pratique en amateur du sport.

Sur 111 fédérations agréées par le ministère des Sports, la part des femmes représente 50 % ou plus des licenciés uniquement dans 19 entités. Les femmes représentent 92 % des pratiquants de twirling bâton, mais moins de 20 % en rugby ! Cela n’est que le reflet d’une société où les stéréotypes sont encore trop présents avec des clichés qui ont la vie dure.

C’est l’équitation qui compte une large majorité de femmes parmi les licenciés, avant le tennis, la gymnastique et le handball. Ajoutons que des sports comme la marche, la randonnée, la natation et le fitness arrivent également en tête des activités préférées des femmes.

Près d’une personne sur deux est persuadée que « certains sports conviennent mieux aux filles qu’aux garçons ». Selon elles, les filles doivent pratiquer des disciplines sensées accroître la souplesse, la grâce et l’agilité tandis que les garçons doivent plutôt s’orienter sur des sports qui demandent de l’endurance et portent haut la compétition. Le tout sur fond de rapports de force.

Etat d’esprit que l’on pourrait résumer par le fameux cliché « du foot pour les garçons, de la gym pour les filles ! ». Et pourtant, dans certains pays, le foot est un sport féminin ! 

Aux Etats-Unis, il n’est pas question de savoir si le foot est un sport féminin ou masculin, c’est avant tout un sport d’équipe et une histoire de passion. 

Des compétitions officielles de football féminin sont désormais organisées même si les footballeuses ont dû attendre 1991 pour avoir leur propre mondial (contre 1928 pour les hommes). Une reconnaissance officielle qui démontre que ce sport n’est pas considéré par la Fifa uniquement comme un sport d’hommes. 

Et en dehors des stades, l'édition 2024 du jeu vidéo de football « Fifa », rebaptisé « EA Sports FC » ouvre un nouveau chapitre de son histoire en accordant une plus grande place au football féminin.

Un « plafond de verre » omniprésent dans les instances dirigeantes sportives et internationales

Sur les 36 fédérations olympiques, seules trois sont à ce jour dirigées par des femmes. Dans ce contexte, la loi du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport en France prévoit une avancée majeure, celle d’instaurer une parité dans les instances dirigeantes sportives, aussi bien à l’échelon national et régional que dans les bureaux des comités nationaux olympiques et paralympiques. 

Ainsi, à compter du 1er janvier 2024, lors des renouvellements de leurs mandants, les instances nationales devront compter 50 % de femmes. Cette parité sera étendue aux fédérations régionales à compter du 1er janvier 2028.

Faire progresser la médiatisation du sport féminin

De 2018 à 2021, le volume horaire de la diffusion du sport féminin a augmenté de 50 % à la télévision, mais l’écart avec la diffusion du sport masculin reste béant, d'après une étude de l'Arcom (fusion du CSA et d’Hadopi). En effet sur cette même période, le volume horaire de diffusion du sport masculin est seize fois plus élevé que celui du sport féminin. En moyenne, la part du sport masculin était de 71,5 % contre 4,5 % pour le sport féminin. Les 24,1 % restants étant la part du sport mixte comme les Jeux Olympiques.

Certaines chaînes choisissent de mettre en avant le sport féminin afin de faire évoluer les perceptions et de mettre fin à sa sous-valorisation. Elles peuvent l'utiliser pour leur image de marque et/ou pour fidéliser des téléspectatrices et téléspectateurs. D’autant plus intéressant pour elles que les droits de diffusion sont nettement moins élevés !

Certains grands évènements féminins attirent davantage les diffuseurs. En 2019, par exemple, la Coupe du monde féminine de football a bénéficié d’une forte exposition, notamment parce que cette compétition se déroulait en France.

Cette année va également permettre une meilleure mise en lumière des femmes au cours des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Le sport « féminin » devrait ainsi dépasser le milliard d'euros de revenus en 2024, selon une étude menée par le cabinet de conseil Deloitte. Une grande première ! La tendance devrait se poursuivre notamment grâce à l'augmentation des droits de retransmission des chaînes télé et des revenus commerciaux dégagés par les compétitions sportives. Plus de 50 % des revenus des compétitions féminines proviendront toujours d'Amérique du Nord, malgré la croissance rapide du football féminin en Europe.

Pourtant, près de deux Français sur trois (62 %) disent « consommer » des contenus de sport féminin, au moins occasionnellement. Si ce chiffre est en hausse, il reste inférieur à la consommation des contenus sportifs dans leur ensemble (78 %), tant en volume de spectateurs qu’en intensité de visionnage. A noter que 63% des amateurs de sport féminin sont… des hommes.

Les Jeux de Paris 2024 seront les plus inclusifs de l’histoire olympique et constitueront le premier évènement d’ampleur internationale à afficher une stricte parité entre les femmes et les hommes, parmi les 10 500 athlètes qualifiés.